ÉCOLOGIE, NATURALISME ET ÉVOLUTION

Peu d'élèves sortent de leur cursus scolaire en étant capables de citer plus d'une scientifique. Ce constat n'est pas étonnant étant donné que très peu de figures féminines ayant contribué à l'histoire des sciences sont présentées dans les manuels scolaires ou dans nos activités.

Pour se donner les moyens de rétablir la véritable histoire des sciences de la vie et de la Terre, pour que toutes et tous puissent se reconnaître et s’identifier dans ces héros et héroïnes culturel⋅le⋅s qui se sont succédé au cours du temps, voici quelques notices biographiques qui devraient pouvoir trouver place dans nos enseignements.

> Voir les fiches biographiques de toutes les autres scientifiques <

Dian Fossey (1932-1985)

Éthologue américaine, Dian Fossey s'oriente d'abord vers l'ergothérapie avant de s'intéresser progressivement aux primates d'Afrique. Elle finit par s'installer au Kenya pour y fonder un centre de recherche, le Karisoke Research Center, où commence son étude approfondie des gorilles et en particulier sa lutte pour leur protection et contre leur extinction. Elle fait découvrir au monde une population de primates mal connue, dite agressive et dangereuse, et les décrit comme des individus « dignes, très sociables, doux, avec des personnalités individuelles, et des relations familiales fortes ».
Dans les années 1980, Dian Fossey devient une référence en tant qu'éthologue (scientifique étudiant le comportement des diverses espèces animales) et physiologue concernant les gorilles des montagnes. Professeure à l'université renommée de Cornell de 1981 à 1983, elle poursuit ses incessants allers-et-retours entre les États-Unis et le Rwanda. La publication de ses mémoires, Gorilles dans la brume, lui permet d'atteindre la consécration en tant que primatologue. Sa fin tragique – elle est assassinée dans sa hutte au Rwanda à l'âge de 53 ans –, confirme l'hostilité qui entourait ses recherches, les gorilles étant une cible privilégiée du braconnage.

Jane Goodall (née en 1934)

Jane Goodall est une primatologue, éthologue et anthropologue britannique. Ses travaux sur les primates, en particulier sur les chimpanzés, ont profondément transformé les rapports entre humains et animaux. En 1960, elle est la première à observer des chimpanzés en train de fabriquer et d'utiliser des outils pour attraper des termites. Cette découverte ébranle complètement la définition de « l'être humain » de l'époque, puisque l'on pensait que lui seul était doué de ces capacités. Dès lors, il est démontré que les chimpanzés sont biologiquement très comparables aux humains, qu'ils ont une grande capacité intellectuelle, fabriquent des outils, ont une vie sociale avec des liens familiaux forts qui se maintiennent tout au long de la vie, et qu'ils ne sont pas herbivores comme on le pensait, mais omnivores.

Paléontologiste britannique du XIX^e siècle, Mary Anning constitue une grande collection de fossiles. Parmi ses découvertes de grande importance : le premier squelette complet d'ichtyosaure, un squelette de plésiosaure aujourd'hui encore considéré comme le spécimen de référence de cette espèce, un important fossile de ptérodactyle…

Elle reçoit une rente mensuelle de l'Association britannique pour le progrès de la science en reconnaissance de l'importance de ses découvertes. Elle est élue membre honoraire de la Geological Society of London, alors même que les statuts sexistes de l'époque interdisent l'élection des femmes. Les découvertes de Mary Anning sont l'une des clés montrant l'évidence de l'extinction des espèces.

 

Pour en savoir plus

– [en] Laura Heit, The amazing, mysterious, and true story of Mary Anning and her monsters (film d'animation).
– [en] Great Minds : Mary Anning, the greatest fossilist in the world, SciShow.
– [fr] Notice biographique Wikipedia.

 

PROGRAMME EN RELATION
Niveau		Thème		Extrait du B.O.

 

Jeanne Villepreux-Power (1794-1871)

Jeanne Villepreux-Power est une naturaliste française, installée à Messine (Italie). Autodidacte, elle se passionne pour les coquillages et les animaux marins, en particulier l'argonaute. Pour les besoins de ses expérimentations, elle invente un système d'observation lui permettant d'étudier les animaux marins sur de longues périodes et, ainsi, elle met au point les premières formes d'aquariums modernes. Elle publie divers ouvrages scientifiques et ses travaux sur l'argonaute la rendent célèbre en Europe. Jeanne Villepreux-Power est considérée comme la pionnière de la biologie marine et de l'aquariologie.

 

Pour en savoir plus

– [fr] Josquin Debaz, « Jeanne Villepreux-Power : une pionnière de la biologie marine », Rayonnement du CNRS, n° 58, printemps 2012.

– [fr] Josquin Debaz, « Cendrillon et la querelle de l'argonaute », Pour la Science, n° 396, octobre 2010.

PROGRAMME EN RELATION
Niveau		Thème		Extrait du B.O.

 

Rachel Carson (1907-1964)

Biologiste marine états-unienne et pionnière de l'écologie moderne, Rachel Carson écrit de nombreux ouvrages qui rencontrent un grand succès, en particulier sur la vie marine et les océans. En plus de ses qualités scientifiques, elle est reconnue pour ses qualités littéraires qui font d'elle une écrivaine à part entière.
Dans les années 1960, elle se concentre sur les effets des pesticides sur la santé et l'environnement, en particulier sur le DDT, le premier insecticide moderne, alors le plus utilisé. Elle démontre que les conséquences de son utilisation sont une catastrophe sanitaire et écologique à travers un ouvrage, Silent spring (Printemps silencieux), publié en 1962, qui connaît un retentissement énorme, tant auprès du grand public que des personnalités politiques aux États-Unis. Il s'ensuit une prise de conscience écologique de première ampleur et la création de l'Agence américaine de protection de l'environnement en 1972, qui interdit alors l'usage du DDT : l'écologie moderne était née.

Pour en savoir plus
– [en] Site dédié à Rachel Carson, sa vie et son legs.

Wangari Muta Maathai (1940-2011)

Biologiste kényane et professeure d'anatomie, Wangari Muta Maathai est une militante politique et écologiste. En 1964, elle est la première femme d'Afrique de l'Est à obtenir une licence de biologie. En 1977, elle fonde le Mouvement de la ceinture verte, dont le but est de planter un maximum d'arbres afin de lutter contre la désertification et l'érosion des sols. Depuis sa création, le mouvement a planté plus de 50 millions d'arbres. Il s'agit également d'un programme destiné à aider les femmes en leur permettant un meilleur accès au travail.
Son militantisme pour lutter pour l'écologie, promouvoir le respect des droits humains, la bonne gouvernance et la démocratie, la fait monter de nombreuses fois en première ligne d'opposition dure aux autorités. Elle sera pour cela victime de nombreuses pressions et menaces mais aussi de nombreuses exactions.
En 2004, elle obtient le prix Nobel de la paix. « La paix, ce n'est pas seulement l'absence de guerre et de coups de fusils. Il peut aussi y avoir des guerres silencieuses quand on élimine des espèces vivantes de la planète, quand on empêche les gens de vivre dignement. Ce sont les guerres de demain », dit-elle.

Pour en savoir plus
– [en] Sa page sur le site des prix Nobel.
– [fr] Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix et militante écologiste, est morte, Le Monde, 26 septembre 2011.
– [fr] Wangari Mata Maathai, Celle qui plante les arbres, Paris : J'ai Lu, 2011.