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Égalithèque

CDI (lycée) Enseignant·es

- Thème - - Public -   - Titre -
Écologie CDI (lycée) Enseignant·es     – Pour une écologie pirate. Et nous serons libres de Fatima Ouassak
Racisme, colonialité, islamophobie, laïcité

CDI (lycée) Enseignant·es

  Racisme, mode d'emploi de Rokhaya Diallo
 

CDI (lycée) Enseignant·es

  Petit manuel pour une laïcité apaisée de Jean Baubérot et le Cercle des Enseignant·e·s laïques
 

CDI (lycée) Enseignant·es

  La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire de Fatima Ouassak
 

CDI (3e et lycée) 
Enseignant·es

  Attention travail d'Arabe ou la déconstruction des stéréotypes et préjugés racistes d'Ali Guessoum
Règles

CDI (collège) 

  Les règles… quelle aventure ! d'Élise Thiébaut et Mirion Malle
Sexualité

CDI (collège, lycée)

  Sexpérience. Les réponses aux questions des ados de Isabelle Filliozat et Margot Fried-Filliozat
 

CDI (collège)

  Sexe, ce drôle de mot de Cory Silverberg
LGBTIphobies

CDI (lycée) Enseignant·es

  Manifeste d'une femme trans de Julia Serano
 

CDI (collège, lycée)

  Je suis qui, je suis quoi de Sophie Nanteuil et Jean-Michel Billioud
Violences sexuelles

 Enseignant·es

  Le livre noir des violences sexuelles de Muriel Salmona
 

 Enseignant·es

  En finir avec la culture du viol de Noémie Renard
Sexisme

CDI (lycée) Enseignant·es

  L'origine du monde de Liv Strömquist
 

CDI (lycée) Enseignant·es

  Le chœur des femmes de Martin Winckler
Grossophobie

CDI (lycée) Enseignant·es

  « Gros » n'est pas un gros mot. Chroniques d'une discrimination ordinaire de Daria Marx et Eva Perez-Bello
Coopération

Enseignant·es

  L'entraide. L'autre loi de la jungle de Pablo Sévigne et Gauthier Chapelle
Validisme

CDI (collège, lycée)

  – La différence invisible de Mademoiselle Caroline et Julie Dachez
Pédagogie

Enseignant·es

  Apprendre à transgresser de bell hooks
 

Enseignant·es

  Paulo Freire, pédagogue des opprimé·e·s d'Irène Pereira
 

Enseignant·es

  Pour une pédagogie solidaire de Sylvain Wagnon
 

Enseignant·es

  Hétéro, l'école ? Plaidoyer pour une éducation antioppressive à la sexualité de Gabrielle Richard

 

  
– Racisme, mode d'emploi –

Thème : Racisme
Public : CDI (lycée) ; Enseignant·es
Texte : Rokhaya Diallo
Édition :
 Larousse (2011, 220 pages)
Lien : Racisme, mode d'emploi de Rokhaya Diallo
Date de publication de cette présentation : 23/04/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Derrière son titre provocateur se trouve un ouvrage d’une rare clarté sur les mécanismes du racisme et ses manifestations aujourd’hui en France. Cette clarté tient avant tout à l’approche de la journaliste, réalisatrice et auteure Rokhaya Diallo : elle s’intéresse aux effets concrets du racisme compris comme construction sociale, fruit de l’histoire de rapports de pouvoir entre des populations, en l’occurrence celles de la France et de ses anciennes colonies. Un héritage bien présent, et qu’on a trop souvent tendance à dissoudre dans une « intolérance » ou une « difficulté à accepter la différence », ce qui réduit le racisme à des sentiments personnels sans aucun lien avec ces rapports de pouvoir et dédouane la société française de sa responsabilité dans leur maintien.
Ce livre pédagogique, concret et pertinent va droit à l’essentiel : comment le racisme se manifeste aujourd’hui ; comment la race a survécu à l’invalidation scientifique de la notion de race biologique ; qu’est-ce qu’être blanc·he ; comment le concept de communautarisme est utilisé pour dénier sa légitimité à l’antiracisme ; comment le féminisme est instrumentalisé à des fins racistes…
En illustrant ces questions clefs de multiples exemples, anecdotes et références à une actualité encore parlante, l’auteure donne à voir la réalité du racisme, celle qui touche, au quotidien, les personnes dites « racisées ». Elle révèle aussi les présupposés derrière des concepts comme la « repentance », la « diversité » ou le « racisme anti-blanc », et les coulisses de la négation du rapport de domination raciste.
Le style est vivant, la démonstration implacable, notre responsabilité entière : il s’agit de prendre conscience que le racisme se loge partout – y compris à notre corps défendant –, que ce soit dans nos propos, nos raisonnements, notre comportement ou nos représentations. Il s’agit, par la connaissance des mécanismes du racisme, d’entreprendre la décolonisation de nos esprits.


  
– Les règles… quelle aventure ! –

Thème : Règles
Public : CDI (collège)
Texte : Élise Thiébaut et Mirion Malle
Édition :
 La Ville Brûle (2017, 71 pages)
Lien : Les règles… quelle aventure ! d'Élise Thiébaut et Mirion Malle
Date de publication de cette présentation : 26/04/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Ce guide des règles est une mine d’informations sur les phénomènes biologiques liés à l’utérus et au vagin. Il éclaire également le traitement sexiste dont elles font l’objet dans notre société : tabous, superstitions, idées reçues, non prise en compte de la douleur… Clairement destiné aux jeunes adolescent·es (et néanmoins susceptible d’en apprendra aux gens de tout âge), ce manuel décomplexant et positif écrit à la deuxième personne du singulier appelle à la bienveillance, au respect et à l’amour de soi. C’est un véritable outil de réappropriation de son corps, qui propose un autre regard sur les menstruations, et qui, sans aspirer à être une référence scientifique, tient globalement la route de ce point de vue.
Joliment mis en page, Les règles… quelle aventure ! se présente sous forme de chapitres illustrés de dessins humoristiques dénonçant des formes de sexisme « ordinaire », de représentations défiant les tabous et mettant en scène des personnes racisées, visiblement réglées ou encore homosexuelles.
L’ouvrage a adopté l’écriture inclusive (très appréciée malgré quelques oublis) et esquisse une prise en compte des personnes trans et intersexes qui aurait mérité une véritable cohérence. Peut-être à l’occasion d’une réédition, s’il rencontre le succès qu’il mérite ?
Élise Thiébaut est journaliste et auteure de Ceci est mon sang. Petite histoire des règles, de celles qui les ont et de ceux qui les font.
Mirion Malle, l’illustratrice, a publié la BD Commando Culotte. Les dessous du genre et de la pop culture. Elle est aussi l’auteure de l’excellent blog BD du même nom, qui décortique avec humour les mécanismes du sexisme dans la culture populaire.


  
– Manifeste d'une femme trans –

Thème : Transphobie
Public : CDI (lycée) ; Enseignant·es
Texte : Julia Serano
Édition :
 Tahin Party (2014, 137 pages)
Lien : Manifeste d'une femme trans et autres textes de Julia Serano
Titre original du texte complet : Whipping Girl. A Transexual Woman on Sexism and the Scapegoating of Feminity
Date de publication de cette présentation : 07/05/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Ces extraits du texte original de l’universitaire trans états-unienne Julia Serano offrent une opportunité de comprendre ce qui se joue dans la transphobie. C’est d’autant plus nécessaire quand nos seules représentations viennent de clichés forgés par les médias – eux-mêmes réduits aux femmes trans, hyperféminisées, hypersexualisées et chosifiées – de l’« usurpatrice » et de la « pathétique » (la question de la masculinité trans n’est pas abordée ici).
L’auteure traite plus précisément de la transmisogynie, c’est-à-dire la transphobie à l’égard des femmes trans (assignées garçons à la naissance), dans une société sexiste qui disqualifie et dénigre le féminin.
Julia Serano révèle ce qui se joue dans les représentations des femmes trans dans les médias ; en quoi consiste le privilège cisgenre, qui découle du fait de vivre une identité de genre conforme au genre qui nous a été assigné à la naissance, quand cette conformité est validée par l’extérieur ; en quoi le genre, que l’on soit trans ou cis, est toujours une « performance », au sens où nous affirmons tou·tes chaque jour, au travers de notre démarche, notre langage, notre comportement, nos attitudes, nos vêtements et accessoires, notre rapport au genre.
Les exemples frappants illustrant ce court livre de vulgarisation permettent de prendre conscience des mécanismes qui légitiment la transmisogynie, et de ce que signifie être cisgenre et transgenre dans une société transphobe.
À noter : la traductrice suit l’auteure et emploie ici les termes « transsexuel·les » et « cissexuel·les ». Un glossaire clôt le livre. Il éclaire la variabilité des usages en fonction du point de vue des personnes concernées.
La maison d’édition Tahin Party publie des textes aux approches égalitaires et libertaires, qu’elle diffuse dans les librairies et cercles associatifs à petit prix (celui-ci coûte 5 €). Fait rare, elle encourage la diffusion privée de ce texte.
NB : une édition revue et augmentée est parue en janvier 2020 aux éditions Cambourakis.


  
– Petit manuel pour une laïcité apaisée –

Thème : Laïcité, islamophobie
Public : CDI (lycée) ; Enseignant·e·s
Texte : Jean Baubérot et le Cercle des Enseignant·e·s laïques
Édition :
 La Découverte (2016, 231 pages)
Lien : Petit manuel pour une laïcité apaisée. À l'usage des profs, des élèves et de leurs parents
Date de publication de cette présentation : 22/06/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Ce Petit manuel pour une laïcité apaisée. À l’usage des profs, des élèves et de leurs parents, écrit par un universitaire spécialiste des questions de laïcité et un collectif d’enseignant·es laïques du département de Seine-Saint-Denis, a été publié en 2016.
Il fait le constat que les causes des difficultés rencontrées au sein de l'école, liées à des inégalités de classe et de race (voir FAQ du site de SVT Égalité pour le sens de ce terme), sont trop fréquemment attribuées aux pratiques religieuses des élèves et de leur famille.
Le livre est découpé en courts chapitres de quelques pages répondant à des questions éclairantes et pertinentes (la préface, l’introduction et la table des matières qui liste les questions sont consultables ici). Ils sont chacun suivis de la présentation de deux ou trois références bibliographiques pour approfondir le sujet.
La première partie, « Analyses », permet de lever bien des confusions engendrées par les contradictions de la loi de 2004. Elle insiste en particulier sur le fait que selon les principes portés par la loi de 1905, l’école doit être un lieu neutre (au travers de son personnel, représentant de l’État) afin de respecter la liberté de conscience des élèves, et leur égal traitement. Pour les auteur·es, la loi de 2004, en étendant la neutralité aux élèves, porte atteinte à ces deux principes de liberté et d’égalité. En se focalisant sur le voile islamique, elle a relégué l’égalité au second plan derrière une laïcité « falsifiée » générant stigmatisation et discriminations envers les familles musulmanes ou perçues comme telles – et en particulier de l’islamophobie de genre.
La seconde partie, « Pratiques », part d’une volonté d’apaisement. Elle prône la recherche de consensus et, face aux élèves, une posture éducative. Évoquant une série de situations possibles (par exemple « Que faire face au refus d’un cours sur la théorie de l’évolution ? (biologie, philosophie) »), les auteur·es rappellent le cadre institutionnel, invitent à se poser certaines questions et proposent leurs recommandations. Il s’agit notamment d’accompagner les élèves à distinguer croyance et savoir, de construire – et non d’imposer – le savoir, et pour ce faire d’entendre les éventuels désaccords, doutes ou objections des élèves, afin de pouvoir y répondre.
Ce manuel, écrit de manière non sexiste, donne de précieuses clefs pour y voir plus clair et aborder ces questions posément, dans le respect de tou·tes.


  
– Le livre noir des violences sexuelles –

Thème : Violences sexuelles
Public : Enseignant·es
Texte : Muriel Salmona
Édition :
 Dunod (2013, 342 pages)
Lien : Le livre noir des violences sexuelles de Muriel Salmona
Date de publication de cette présentation : 23/07/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Muriel Salmona, psychiatre-psychothérapeute spécialiste des psychotraumatismes, signe avec Le livre noir des violences sexuelles un livre indispensable sur le sujet. Il en ressort que les violences sexuelles, loin d'être anecdotiques ou inévitables, sont généralisées et facilitées par la société actuelle. Qu’il s’agisse de la police, du personnel médical et psy, des médias ou de la société dans son ensemble, nous avons beaucoup à apprendre pour traiter la question avec pertinence et participer à enrayer ce phénomène.
Muriel Salmona donne des éléments clefs pour changer de perspective. Il s’agit d’abord de sortir du déni de l’étendue des violences sexuelles : elles sont un véritable phénomène de société, et non une liste de faits divers. Elles ne sont pas le fait d’une « pulsion » sexuelle mais d’une volonté de dominer, un point souvent évincé au profit d'une explication biologisante des comportements humains. Le livre montre en quoi les rapports de pouvoir (notamment les dominations masculine et adulte), le déni, la culture du viol, l’ignorance et l’impunité contribuent à les faire perdurer.
Autre élément clef : la psychiatre explique comment fonctionnent la sidération, la disjonction, la dissociation et la mémoire traumatique, et leurs effets à long terme en l’absence de traitement adapté. La justice utilise encore trop souvent les signes pour décrédibiliser la parole des victimes, au lieu de les considérer pour ce qu’elles sont : des preuves médicales du traumatisme. Cet éclairage est également extrêmement précieux pour permettre aux victimes de comprendre ce qui s’est joué et se joue dans leur corps, indépendamment de leur volonté.
Enfin, ce livre s’attarde sur les agresseurs et leurs stratégies, rarement recherchées par la justice. Muriel Salmona traite en particulier des anciennes victimes qui ont préféré s’identifier à leur agresseur, savent manipuler et ont une connaissance intime des psychotraumatismes qu’elles utilisent contre leurs victimes.
Grâce à cette approche, ce livre essentiel met de la clarté et de l’espoir là où règnent le déni, la confusion et le fatalisme. Dans un langage accessible (les quelques termes spécialisés sont expliqués), il permet avec beaucoup d’humanité et d’empathie de « remettre le monde à l’endroit », condition sine qua non pour mettre un terme au cycle de reproduction de la violence, protéger et soigner efficacement les victimes.


  
– Attention Travail d'Arabe –

Thème : Racisme
Public : CDI (3e et lycée) ; Enseignant·es
Texte et illustrations : Ali Guessoum
Édition :
 Atlande (2018, 79 pages)
Lien : Attention Travail d'Arabe ou la déconstruction des stéréotypes et préjugés racistes
Date de publication de cette présentation : 06/09/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Ce livre est le prolongement d’une exposition réalisée par Ali Guessoum (réalisateur et fondateur de l’association Remembeur, intervenant notamment en milieu scolaire), portant sur les mécanismes présidant aux discriminations racistes en France. En détournant des images et des slogans publicitaires ou politiques, il met au jour diverses manipulations et fait le lien avec humour entre l’imaginaire et les pratiques racistes d’aujourd’hui et l’histoire coloniale.
Attention Travail d’Arabe réunit une quarantaine de doubles pages mettant face à face une affiche et un texte d’une demi-page à une page : l’auteur apporte des éléments historiques, politiques ou sociaux permettant de comprendre d'où viennent les stéréotypes, et démonte les raccourcis, les amalgames, les analyses trompeuses ou les obsessions servant à détourner le regard de politiques inégalitaires au travers de la création de boucs-émissaires.
Il rappelle par exemple la récupération d’un mouvement antiraciste (« SOS Laxisme »), l’apport de la culture arabe (« Mots dits arabes »), les agressions à l’égard de la communauté chinoise (« Chinadown, le very bad trip »), contextualise la création d’un stéréotype (« Attention Travail d’Arabe ») ou d’un fantasme de complot juif (« Confiture Bonne Mytho »), dénonce les contrôles au faciès (« Pile je suis contrôlé, face je suis tutoyé »), l’hostilité à l’égard des Rroms (« Gitans, un rejet sans filtre »), les manipulations menées au nom de l’islam (« Adopte un djihadiste » et « iMam ») ou le maintien d’une mainmise sur les anciennes colonies (« La pompe à fric »).
Si l’approche du racisme n’y est pas spécialement intersectionnelle, la spécificité d’Attention Travail d’Arabe est d’offrir des supports visuels qui parleront aux jeunes et aux moins jeunes. Témoins des dernières décennies, ces visuels et les analyses qui les accompagnent attestent avec force de l’évolution dans la continuité des mécanismes racistes. C’est un outil efficace pour mettre les pieds dans le plat avec humour – une approche aussi précieuse que rare –, qu’on peut combiner avec le livre de Rokhaya Diallo Racisme, mode d’emploi pour comprendre comment ont été construites des représentations encore très présentes, près de 60 ans après la décolonisation.


  
– L'origine du monde –

Thème : Sexisme
Public : CDI (3e et lycée) ; Enseignant·es
Texte et illustrations : Liv Strömquist, traduction de Kirsi Kinnunen avec la collaboration d'Anne Cavarroc
Édition :
 Rackham (2016, 144 pages ; non paginé)
Lien : L'origine du monde
Date de publication de cette présentation : 28/09/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : On reconnaît entre mille le style des bandes-dessinées de la Suédoise Liv Strömquist, maîtresse dans l’art de la vulgarisation en images : prévalence du noir et blanc, reproduction de gravures, photos et sculptures, typo occupant toute une case, voire une page… Dans L’origine du monde, la violence et l’évolution des pratiques et des discours sur la vulve, le clitoris, les règles, l’orgasme lié au clitoris, illustrent l’histoire de la perception du sexe dit féminin depuis l’avènement des religions patriarcales.
L’auteure montre qu’il n’en a pas toujours été ainsi, que la vulve, les règles n’ont pas toujours été objets de dégoût, de honte, mais qu’elles ont au contraire été vénérées comme des manifestations sacrées d’un lien avec le cosmos et les forces de la vie.
Ces variations au cours de l’histoire de l’humanité nous montrent le caractère relatif des certitudes qui organisent une société à un moment donné. Les discours évoluent et s’adaptent en fonction des connaissances scientifiques mais aussi des priorités sociales : le discours sur la différence entre les sexes a été précédé d’un discours sur leur similitude, l’irrépressible désir sexuel des hommes a succédé à l’irrépressible désir sexuel des femmes, le handicap associé au syndrome prémenstruel est à géométrie variable.
Au travers d’une savoureuse palette de personnages – médecins, philosophes, sexologues, psychanalyses, théologiens, instigateurs de la chasse aux « sorcières » – aux propos aussi absurdes qu’haineux, L’origine du monde nous apprend (point notable : Liv Strömquist cite ses sources, souvent universitaires) notamment jusqu’où allaient la haine de certains hommes influents pour le clitoris et leur obsession de la binarité (notamment au travers des mutilations infligées aux personnes intersexes).
On mesure à quel point la domination masculine a inculqué pendant des siècles la haine, la honte et la peur de leur corps aux personnes qu’on a catégorisées comme « femmes », les dépossédant par là même, entre autres choses, de leur sexualité.
Drôle dans sa narration d'une réalité déprimante, L’origine du monde a l’art réconfortant d’ouvrir la porte à d’autres possibles, libérateurs.


  
– « Gros » n'est pas un gros mot. Chroniques d'une discrimination ordinaire –

Thème : Grossophobie
Public : CDI (lycée) ; Enseignant·es
Texte : Daria Marx et Eva Perez-Bello
Édition :
 Flammarion, coll. « Librio » (2018, 121 pages)
Lien :  « Gros » n'est pas un gros mot. Chroniques d'une discrimination ordinaire
Date de publication de cette présentation : 13/11/2018 (Ségolène Roy)

Présentation : Comment s’exprime la grossophobie (« ensemble des attitudes hostiles et discriminantes à l’égard des personnes en surpoids ») au quotidien dans la société actuelle ? Quels effets produit-elle ? C’est que ce qu’exposent de manière très concrète Daria Marx et Eva Perez-Bello, membres du collectif Gras politique, auteures de ce petit livre efficace aux courts chapitres thématiques.
Elles montrent de quelle manière la grossophobie entrave l’accès des personne grosses au travail, à la contraception, à la PMA, à certains examens médicaux, aux espaces où l’hostilité et les commentaires sont particulièrement présents et pénibles (piscine, restaurants de fast-food…), aux transports en commun, aux vêtements… Elle entraîne des retards de diagnostic (notamment concernent les troubles du comportement alimentaires, les troubles psychiatriques, le cancer, l’endocardite), des suicides (notamment dans le cadre du harcèlement scolaire et sans doute en cas de chirurgies bariatriques – visant à restreindre le volume de nourriture ingérée – considérées comme des échecs).
Au travers d’anecdotes et de témoignages, et chiffres à l’appui, elles invitent à prendre conscience de l’enfer que la grossophobie fait vivre à environ 1 personne sur 6 (12 millions de Français·es sont concerné·es).
Alors que la « responsabilité » de l’obésité incombe dans l’imaginaire collectif aux personnes obèses, auxquelles on prête un manque de volonté, les auteures pointent la pauvreté, facteur souvent oublié, la génétique, et… la grossophobie. Car la pression autour de la nourriture, le dénigrement, l’humiliation, les normes écrasantes de minceur, l’infantilisation, l’hostilité, le harcèlement scolaire, les discriminations sont le terreau de la mauvaise estime de soi, de difficultés financières et sociales, et de troubles du comportement alimentaire. Quant aux régimes restrictifs préconisés, ils sont connus pour dérégler le fonctionnement du corps et entraîner, après la perte de poids, une prise en poids supérieure.
Les auteures insistent sur la nécessité d’une approche globale de l’obésité : prendre en compte le budget dévolu à nourriture, les habitudes alimentaires familiales, les activités sportives possibles, le mal-être et les éventuels traumatismes portés par un membre de la famille, sortir du cercle vicieux de régimes et de prise de poids en évitant les restrictions et la diabolisation d’aliments, en écoutant ses sensations corporelles, pour éviter les troubles du comportement alimentaire. Elles engagent les parents à rechercher un personnel soignant bienveillant.
Ce livre ouvre les yeux sur une discrimination largement sous-estimée par les personnes non concernées, aux conséquences dramatiques en termes de respect des droits humains. Le lectorat est invité à juste titre à identifier sa propre grossophobie, et chacun·e à devenir un·e bon·ne allié·e. Que les auteures soient remerciées ici de nous y aider.

On peut consulter en ligne la table des matières et l'avant-propos. Daria Marx a été interviewée dans l’émission intimiste de Lauren Bastide La Poudre. Vous pouvez également l’entendre dans l’excellent Un podcast à soi de Charlotte Bienaimé consacré à la grossophobie, « Le gras est politique ».


  
– L'entraide. L'autre loi de la jungle –

Thème : Coopération
Public : CDI (lycée : premières et terminales) ; Enseignant·es
Texte : Pablo Sévigne et Gauthier Chapelle
Édition :
 Les liens qui libèrent (2017, 384 pages)
Lien : L'entraide. L'autre loi de la jungle
Date de publication de cette présentation : 27/04/2019 (Alexandre Magot)

Présentation : Dans L’entraide. L’autre loi de la jungle, Pablo Sévigne et Gauthier Chapelle, tous deux ingénieurs agronomes de formation, mettent à mal ce mythe tenace selon lequel les êtres humains, et finalement le monde vivant dans son ensemble, serait uniquement organisé par la compétition, la prédation, des rapports de pouvoir et de domination.
Par un foisonnement d’exemples issus de l’ensemble du vivant, mais aussi des sciences sociales, économiques, etc., les auteurs nous dressent le tableau d’une entraide omniprésente.
C’est que la lecture qu’on a faite de Darwin est réductrice, issue de l’époque victorienne, à laquelle ses découvertes ont été présentées : celle du bâtissage d’une société industrielle où règnent justement l’individualisme et la loi du plus fort. La seule « loi de la jungle » ayant guidé l’évolution que l’on a donc retenue est celle d’une sélection naturelle basée sur la compétition pour trouver un·e partenaire et des ressources, un vaste struggle for life (lutte pour la vie) au sein duquel tous les coups sont permis. Il faut dire que la théorie tombait à pic, en parfaite cohérence avec certains intérêts d’alors et leur donnant ainsi une assise scientifique. La situation a-t-elle depuis vraiment changé ?
Le livre ne se limite pas à dresser un tableau plus complet et à réhabiliter le génial Pierre Kropotkine (auteur en 1902 de L’entraide, un facteur de l’évolution). À travers cet essai de grande vulgarisation scientifique dont chaque exemple et argument est précisément référencé, ils décrivent également les bases qui fondent tous ces niveaux et toutes ces formes de coopération : ce qui la favorise, ou au contraire la fait s’effondrer. Car l’entraide apparaît comme le fruit d’une conjonction de facteurs menant à un équilibre fragile.
On mesure alors à quel point les descriptions scientifiques – et nos programmes de SVT en particulier – sont empreints de cette idéologie libérale et à son service, et à quel point le point aveugle de l’entraide recouvre en fait la moitié du champ visuel. Se dessinent alors toutes les implications politiques et apparaît l’urgence de poser les fondations de ce qui pourrait construire un autre mythe, à partir duquel pourrait émerger l’entraide à grande échelle. Alors que des crises sociales font rage et que d’autres majeures sont à venir – Pablo Servigne est à l’origine du développement de la « collapsologie » – se dresse au fil de la lecture l’immensité de la responsabilité qui est la nôtre en tant que professeur·e.

Dans cette vidéo (8'36"), Pablo Servigne résume les propos du livre, quelques exemples clés à l'appui.


  
– En finir avec la culture du viol –

Thème : Culture du viol
Public : CDI (lycée : premières et terminales) ; Enseignant·es
Texte : Noémie Renard
Édition :
 Les petits matins (2018, 179 pages)
Lien : En finir avec la culture du viol
Date de publication de cette présentation : 30/04/2019 (Ségolène Roy)

Présentation : Noémie Renard est l’auteure de l’excellent blog Antisexisme.net. Elle y partage de nombreux articles de fond sur les ressorts de la domination masculine et les mécanismes qui la maintiennent (dont les mythes sur le viol).
La culture du viol, c’est la normalisation et la négation des violences sexuelles. Dans En finir avec la culture du viol, elle offre une synthèse d’une grande richesse et d’une grande clarté sur les causes, les mécanismes et les enjeux de la culture du viol, profondément ancrée dans notre société.
Les causes sont multiples : l’adhésion à l’évidence d’un droit masculin à recevoir du sexe et d’un devoir féminin à en donner, dans un contexte de contrainte à l’hétérosexualité ; les inégalités de genre économiques, sociales, physiques, psychologiques et d’âge ; les stéréotypes de genre, validistes, psychophobes et de race ; les mythes circulant sur le viol, notamment dans le cinéma et la littérature, loin de la réalité de la majorité des viols, commis par des proches et sans violence, et qui font passer des agressions sexuelles pour des pratiques de séduction.
Ces mythes facilitent la perpétuation des violences sexuelles comme leur impunité, tant juridique que sociale (sauf à être une personne racisée ou pauvre). En témoignent de nombreux et récents exemples. On déresponsabilise les agresseurs et on culpabilise les victimes, on pense que d’une manière ou d’une autre elles l’ont « cherché ». Ce déni permet de se rassurer : nous vivrions dans un monde juste où ces violences seraient évitables.
Invitant discrètement à une indispensable introspection, Noémie Renard aborde ce qu’elle appelle la banalité de la coercition sexuelle dans les relations hétérosexuelles. Le fait que nombre d’hommes hétérosexuels obtiennent des relations sexuelles en utilisant la supplication, le chantage, la culpabilisation, la manipulation. Ou qu’ils prennent graduellement le pouvoir au cours d’une relation consentie au départ, pour finir par imposer leurs propres scénarios, ressentis comme violents, humiliants, insultants par leur partenaire. Cela se double, hors des situations de coercition, de comportements dits d’« obéissance sexuelle », quand les femmes (et quelques hommes), acceptent des relations sexuelles non désirées par peur de mettre en péril leur relation amoureuse.
Ni le désir ni le plaisir ne semblent être un prérequis pour nombre de relations sexuelles hétéros, perçues comme obligatoires et scénarisées pour le plaisir des hommes. Ce constat remet en question un autre mythe : celui d’une libération sexuelle qui ne saurait exister, rappelle l’auteure, sans la prise en compte des rapports de pouvoir organisant notre société.
Ce livre percutant se termine sur une série de pistes pour en finir avec la culture du viol, dont la nécessité d’une éducation à l’égalité (notamment à travers une éducation sexuelle adapté à chaque âge) dès la maternelle.


  
– La différence invisible –

Thème : Validisme
Public : CDI (collège et lycée) ; Enseignant·es
Texte : Mademoiselle Caroline et Julie Dachez
Édition :
 Delcourt (2016, 199 pages)
Lien : La différence invisible
Date de publication de cette présentation : 15/08/2019 (Ségolène Roy)

Présentation : Marguerite est sensible au bruit, au contact de certains tissus, aux odeurs. Elle est terrifiée par le changement, ses déplacements sont les mêmes chaque jour, quand elle va au travail elle suit un rituel immuable. Elle est déstabilisée par les interactions avec les autres, elle a du mal à comprendre certaines de leurs expressions, à saisir certaines formes d’humour. L’agitation et le bruit des soirées l’angoissent, elle est toujours la première à partir. Elle se passionne pour l’antispécisme. Elle ne peut pas mentir.
C’est déjà difficile pour elle de s’adapter en permanence au monde dans lequel elle vit. C’est encore plus pesant qu’on commente son comportement dans son dos ou qu’on lui reproche sans cesse de ne pas faire assez d’« efforts », au travail, dans ses relations amoureuses, amicales…
Cette pression sociale lui pèse beaucoup, jusqu’au jour où elle fait des recherches et se reconnaît dans la liste des caractéristiques associées à ce qui est appelé syndrome d’Asperger. C’est une libération.
La différence invisible est le fruit de la collaboration entre Mademoiselle Caroline, auteure des illustrations, et Julie Dachez, auteure du blog emoiemoietmoi.over-blog.com et autiste Asperger, où elle partage des vidéos pour sensibiliser à la réalité de cette condition.
Loin des clichés du modèle caritatif ou médical sur les personnes « handicapées » inspirant tantôt la pitié tantôt l’admiration, qu’il faudrait aider, soigner, rendre le plus « normales » possible, cette bande dessinée a le grand mérite de mettre au centre, et de manière impactante, le vécu d’une personne concernée par l’autisme et son émancipation des normes qui l’entravent. Elle met l’accent sur l’injonction à une forme de « normalité » qui n’est autre que l’expression du validisme : une forme de discrimination qui s’exprime ici dans la non-reconnaissance des spécificités des personnes neuroatypiques et le refus de les prendre en compte pour respecter leurs droits (on le voit notamment au travail). Ce point de vue relève du modèle social du handicap : le handicap ne vient pas ou pas seulement de la condition elle-même, mais de l’organisation de la société, de ses normes, de ses représentations, de ses jugements.
La BD se termine par un petit guide explicatif de ce qu’est l’autisme et sur ce que vivent les autistes dit·es Asperger. Elle est à recommander pour comprendre à la fois ce qu’est l’autisme, ce qu’est le validisme et quels effets il produit. Elle rappelle que les femmes sont sous-diagnostiquées du fait de la socialisation genrée qui les amène à faire preuve de suradaptation.

Julie Dachez, alias Super Pépette, répond ici en vidéo à la question : « Est-ce qu’on ne serait pas tous un peu autistes ? ».


  
– Sexpérience. Les réponses aux questions des ados –

Thème : Sexualité
Public : CDI (collège et lycée)
Texte : Isabelle Filliozat et Margot Fried-Filliozat
Édition :
 Robert Laffont (2019, 224 pages)
Lien : Sexpérience. Les réponses aux questions des ados
Date de publication de cette présentation : 16/10/2019 (Ségolène Roy et Alexandre Magot)

Présentation : Un livre pour adolescent·es traitant de la sexualité : voilà le genre de publications que nous scrutons avec beaucoup d'attentes ! On voudrait une information à la fois scientifique et accessible, une approche à la fois franche et respectueuse, une prise en compte éclairée des enjeux à la fois émotionnels et sociaux… Un numéro d’équilibriste face auquel plus d’un·e a renoncé. C'est pourquoi, en dépit de nos réserves, nous avons beaucoup de respect et de reconnaissance pour les auteures de ce livre, la psychologue Isabelle Filliozat et l’intervenante en éducation à la sexualité Margot Fried-Filliozat.
Sexpérience. Les réponses aux questions des ados a réussi le pari de traiter sans tabou et avec clarté des phénomènes corporels et émotionnels à l'œuvre dans la sexualité, dans le respect des sensibilités de chacun·e. On reconnaît l'approche émotionnelle, bienveillante et invitant à se centrer sur son ressenti, de la psychologue Isabelle Filliozat, très précieuse quand il s'agit de traiter des questions complexes du désir, du plaisir, du consentement et de la pression sociale.
Le découpage du texte et la mise en page sont une autre grande réussite, délivrant avec clarté de nombreuses informations sur de nombreux sujets. Pour énumérer quelques-uns de ces points forts : illustrations omniprésentes, représentant la diversité des organes externes, dans leurs formes et leurs couleurs (y compris intersexes, à la réserve près qu'ils sont rangés dans la catégorie féminin ou masculin), des situations relationnelles concrètes (malheureusement exclusivement hétérosexuelles à l'exception du chapitre sur le coming out et d'une image non hétéronormée), informations rares et utiles sur la biologie des organes génitaux, en particulier sur la question du plaisir (le grand oublié de l’éducation à la sexualité!), remise en question de nombreuses normes et des violences qu'elles peuvent générer. 
Notre grande déception concerne l’absence de prise en compte explicite de la transidentité, de l’intersexuation et des orientations non hétérosexuelles tout au long du livre. Si l'écriture inclusive avec le point médian, adoptée dans ce livre, le rend moins susceptible d’activer des représentations stéréotypées et a priori l'hétérocentrées, la prise en compte de problématiques LGBTI nous semblent indispensables, autant pour remettre en question les normes que pour répondre aux questionnements de tou·tes les adolescent·es, et en particulier des concerné·es.
De la même manière, le choix de l'absence de couleur pour représenter les personnes nous semble aller à l'encontre du besoin de représenter les personnes racisées sans en « neutraliser » la couleur – la diversité des corps humains est ainsi faite, pourquoi gommer la couleur des personnes non blanches, quand leur représentation est déjà si rare ?
Il est surprenant que la question de la contraception se limite au préservatif externe, qu'il ne soit aucunement question d'interruption de grossesse, et la question des IST soit si vite réglée. Là aussi cependant l'approche émotionnelle est déterminante et traitée comme telle, c’est un point fort du livre.
On regrette également des passages pour le moins discutables scientifiquement sur le lien entre hormones sexuelles (notamment durant les cycles ovarien et utérin), les émotions et le comportement.

Malgré ces réserves, Sexpérience. Les réponses aux questions des ados nous semble un livre réussi sur des points clefs, et on souhaiterait le voir, associé à d'autres ressources plus inclusives, dans les rayons de tous les CDI de collège et de lycée.


  
– Le chœur des femmes –

Thème : Sexisme, violences médicales, intersexuation
Public : CDI (lycée)
Texte : Martin Winckler
Édition :
 P.O.L. (2009, 608 pages) et format poche Gallimard, coll. Folio (2017, 671 pages)
Lien : Le chœur des femmes (on y trouve les premières pages)
Date de publication de cette présentation : 30/10/2019 (Ségolène Roy)

Présentation : Interne briguant un poste de direction en chirurgie avec froideur et détermination, Jean Atwood se retrouve contre son gré pour un stage de six mois aux côtés d’un généraliste officiant dans une unité de gynécologie-obstétrique. Son ambition n’a d’égal que son mépris pour ces patientes dont les récits se perdent dans des détails inintéressants, qui s’épanchent un temps infini face à Franz Karma, dont la patience lui est incompréhensible, les leçons de morale pénibles, les propos lui semblent contraires au principe de confraternité entre médecins.
Si dans ce roman polyphonique, Martin Winckler donne la parole en premier lieu à Jean Atwood, la voix de ces femmes prend beaucoup de place, et rapidement, les remarques de Franz Karma viennent résonner avec les préoccupations personnelles de Jean Atwood. Alors les récits des patientes, d’abord brouhaha futile, se convertissent en une dénonciation du mépris sexiste ordinaire, des violences gynécologiques banalisées, du peu de cas qu’il est fait du ressenti, des besoins, de la parole des femmes. L’irritation fait place à l’indignation, les jugements à l’empathie, le mépris à la conscience.
Sans vouloir dévoiler les intrigues d’un roman aux rebondissements nombreux (le rendant à la fois passionnant et irritant sur la fin), la question de l’intersexuation, longtemps présente en filigrane, y tient une place importante. Les personnages peuvent paraître un peu caricaturaux, l’évolution de Jean Atwood peu crédible (encore qu’en termes de longueur de texte elle n’est pas si soudaine), et l’on peut soupirer devant le choix de faire de tous les modèles d’incarnation du respect des femmes… des hommes. Cependant les récits des femmes – issus de la pratique médicale de l’auteur –, comme sa priorité absolue pour le respect des patiente·es, font de ce roman une lecture émouvante et apaisante pour la reconnaissance de réalités si communément niées ou invisibilisées.
Martin Winckler invite son lectorat à la même initiation que son personnage principal : celle de l’empathie et de l’éthique, qui font la différence entre la posture de médecin et celle de soignant·e, susceptible de remettre en question les normes et les autorités au profit du bien-être et du respect des patient·es, de leur ressenti, de leurs choix. Une lecture captivante et hautement recommandable aux élèves attiré·es par les professions médicales.

Voir deux sites représentatifs des préoccupations éthiques de Martin Winckler : Winckler’s webzine et L’École des soignant·es.


  
– Apprendre à transgresser –

Thème : Pédagogie critique, intersectionnalité
Public : Enseignant·es
Texte : bell hooks
Édition :
 coéd. Syllepse (Paris, France) et M Éditeur (Québec, Canada) (2009, 608 pages) et format poche Gallimard, coll. Folio (2019 pour la traduction [1994], 192 pages)
Lien : Apprendre à transgresser
Date de publication de cette présentation : 04/11/2019 (Alexandre Magot)

Présentation :
 bell hooks est connue en France pour ses apports concernant le féminisme intersectionnel, notamment par ses livres Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme, et De la marge au centre. Théorie féministe, tous deux publiés aux éditions Cambourakis.
Ce que l'on sait moins, c'est qu'elle fait partie des grandes figures de la pédagogie, et en particulier des pédagogies critiques. Au côté de celui qui en a posé les bases, le Brésilien Paulo Freire, elle a participé à développer la prise en compte des oppressions liées au genre et à la race, et du croisement de l'ensemble des discriminations.
Reste que malgré le fait que les pédagogies critiques soient incontournables dans le monde, elles sont très peu connues et développées dans les pays francophones, et très peu de textes sont traduits en français (la traduction de Pédagogie des opprimés, le texte phare de Paulo Freire, n'est même pas disponible actuellement !).
La publication par les éditions Syllepses, du premier livre de bell hooks consacré à la pédagogie, Apprendre à transgresser, écrit en 1994 (et alors sous-titré « L'éducation comme pratique de la liberté »), est donc un évènement.
À travers un recueil de textes très variés aussi bien quant aux thèmes abordés que sur la forme utilisée (certains sont même écrits sous une forme dialoguée, une approche essentielle dans les pratiques de pédagogie critique), bell hooks développe différents aspects de ce type de pédagogie émancipatrice et insiste sur les manières dont la pédagogie peut non seulement prendre en compte le racisme, le sexisme et le classisme omniprésentset souvent intégrés tant par les élèves que les enseignant·es, mais aussi les affronter. C'est-à-dire créer au sein de l'espace scolaire des espaces de liberté, forcément transgressifs.
On retrouve également dans ces textes une réflexion clé dans l'œuvre de bell hooks, celle concernant l'importance de constituer, entre élèves et enseignant·es, une « communauté d'apprentissage ».
Les nombreuses réflexions exposées reposent sur son expérience d'enseignante, et se nourrissent également de ses expériences personnelles du racisme et du sexisme en milieu scolaire. Son ouvrage s'inscrit ainsi de ce fait pleinement dans le cadre des pédagogies critiques qui sont des praxis, alliant réflexions et pratiques.
Apprendre à transgresser est un livre rare, important, et dont la lecture résonnera différemment selon le degré de prise de conscience et de déconstruction des lecteurices. Un livre à lire donc, et à relire.

> Table des matières
> L’excellente introduction de bell hooks à son livre 


  
– Paulo Freire, pédagogue des opprimé·e·s –

Thème : Pédagogie critique
Public : Enseignant·es
Texte : Irène Pereira
Édition : 
Libertalia (2018, 176 pages)
Lien : Paulo Freire, pédagogue des opprimé·e·s
Date de publication de cette présentation : 01/01/2020 (Alexandre Magot)

Présentation :
 Bien plus qu'une simple biographie comme pourrait le faire entendre son titre – qui fait référence à l'œuvre phare de Paulo Freire –, Paulo Freire, pédagogue des opprimé·es publié aux éditions Libertalia dans la collection N'Autre École, est une véritable introduction aux pédagogies critiques.
Et qui d'autre qu'Irène Pereira pouvait signer ce livre ? Chercheuse en sociologie et en philosophie et enseignante de philosophie à l'INSPÉ de Créteil, Irène Pereira est dans la sphère francophone la figure incontournable des pédagogies critiques, qu'elle a réussi à faire connaître notamment via l'IRESMO, l'Institut bell hooks-Paulo Freire ou encore le site Les cahiers de pédagogies radicales.
Encore méconnues du monde francophone, les pédagogies critiques, ou pédagogies radicales comme les nomme Henry Giroux, constituent un mouvement de pédagogies émancipatrices engagées dans un processus de changement social et dans la lutte contre les systèmes de domination. Elles ont été lancées par le pédagogue brésilien Paulo Freire (1921-1997), puis développées dans des champs variés : pédagogie critique de la norme, pédagogie décoloniale, pédagogie critique féministe, écopédagogie, etc.
S'appuyant dans une première partie sur la biographie de Paulo Freire, et articulant son texte autour de citations de l'auteur, Irène Pereira dresse le portrait de ces pédagogies, dont elle présente l'origine, les éléments clés et le développement dans le monde et en France.
Paulo Freire, pédagogue des opprimé·e·s est un livre incontournable, indispensable, pour tout·es les enseignant·es engagé·es dans la lutte contre les inégalités et les discriminations. Vous serez peut-être nombreus·es à découvrir que vous êtes engagé·es, sans le savoir, dans ce type de pédagogie. La lecture de cet ouvrage, relativement court et facile d'accès, permet d'adosser nos pratiques à la richesse théorique apportées par ces pédagogies et les nombreuses réflexions qui les nourrissent depuis plusieurs décennies.
Juste un petit regret sur la forme : que l'usage de l'écriture inclusive se limite au titre...


  
– Je suis qui ? Je suis quoi ? –

Thème : Éducation à la sexualité
Public : CDI (collège, lycée)
Conception : Sophie Nanteuil
Texte : Jean-Michel Billioud
Illustrations : Zelda Zonk
BD :
scénarios de Jean-Michel Billioud et dessin de Terkel Risbjerg
Édition : 
Casterman (2019, 82 pages)
Lien : Je suis qui ? Je suis quoi ?
Date de publication de cette présentation : 04/03/2020 (Ségolène Roy)

Présentation :
 Nous saluons la publication de cet ouvrage conçu par Sophie Nanteuil et écrit par Jean-Michel Billioud, à avoir absolument dans son CDI pour l’éducation à la sexualité, à côté de Les règles… Quelle aventure !, et de Sexpérience. Les réponses aux questions des ados
Ce documentaire à destination des adolescent·es (11-15 ans) aborde la question des identités de genre non binaires et trans et des orientations sexuelles non hétérosexuelles, autant dire du jamais-vu en français. Il les normalise notamment par le biais de témoignages courts de personnes homosexuelles, bisexuelles, trans, non binaires, queer et asexuelle : elles racontent comment elles ont vécu cette non-conformité, en quoi leur environnement a été un problème ou un soutien, comment les mots qu’elles ont pu poser sur cette identité les a soulagées ou au contraire combien l’absence d’étiquette est libératrice, etc. Ces témoignages constituent un ancrage dans la réalité très salutaire.
Je suis qui, je suis quoi donne également des définitions, répond aux idées reçues sur l’homosexualité, l’intersexuation, aborde la question des droits en faisant l’état des lieux des manques comme des avancées au niveau international. L’information est globalement pertinente et juste, ce qui est assez rare sur l’ensemble de ces sujets pour être souligné.
Les illustrations de Zelda Zonk, légères, offrent des représentations alternatives d’autant plus drôles qu’elles sont libératrices. Des bandes dessinées de Jean-Michel Billioud et Terkel Risbjerg mettent en avant les vies de célébrités queer de différentes époques, ce qui permet de saisir une certaine diversité d’enjeux et de choix.
Nous encourageons évidemment, pour une réédition ou de futurs livres sur le sujet, l’emploi d’une écriture non sexiste et qui inclue les personnes trans (les garçons trans peuvent par exemple tomber enceints) et non binaires, dans la lignée du respect de la diversité de genre que le livre défend et de la visibilisation de ses enjeux.
Ce livre est à mettre à disposition des élèves dans tous les CDI ! Inutile d’attendre des questionnements explicites pour le recommander sans hésitation aux adolescent·es. Les normes sexistes et LGBTIQ-phobes sont un poids pour tout le monde – y compris si on se révèle dans la norme.


  
– Hétéro, l'école ? Plaidoyer pour une éducation antioppressive à la sexualité –

Thème : Éducation à la sexualité
Public : Enseignant·es
Texte : Gabrielle Richard
Édition : Les éditions du remue-ménage (2019, 166 pages)
Lien : Hétéro, l'école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité
Date de publication de cette présentation : 01/05/2020 (Ségolène Roy)

Présentation :
 Une découverte particulièrement inspirante ! Dans ce livre éclairant à destination des enseignant·es, Gabrielle Richard, sociologue du genre, fait la démonstration des manières dont l’école, au Québec comme en France, enfonce le clou de l’hétéronormativité (le fait que l’hétérosexualité soit construite comme la norme, fondée sur des stéréotypes de genre binaires) de la société dans laquelle elle s’inscrit : au travers des contenus d’une éducation à la sexualité pensée sur le modèle de la prévention des risques, mais aussi de la socialisation entre pairs qui s’y développe, des évidences et des comportement du personnel scolaire ou des contenus absents.
En l’absence d’études sur les effets de ce type d’éducation à la sexualité sur les élèves LGBTIQ, d’(ancien·nes) élèves cité·es dans le livre témoignent de leurs attentes déçues, de leur invisibilisation, de leur confusion, de leur sentiment d’être des monstres, d’être invalidé·es ou exposé·es au harcèlement. Car même une pédagogie de la « tolérance », parce qu’elle ne met pas en avant les rapports de pouvoir, les rejoue – y compris à son corps défendant –, en n’explicitant pas la norme, les privilèges et les discriminations qu’elle génère.
L’auteure souligne d’ailleurs la difficulté pour les enseignant·es qui souhaitent offrir un enseignement à la sexualité inclusif, émancipateur, non normatif et positif à sortir de cette approche en l’absence de soutien des autorités scolaires, de formation et de contenus conçus selon les principes de la pédagogie antioppressive, pourtant cohérentes avec les consignes officielles de lutte contre les discriminations.
Elle invite à suivre cette voie dont les effets bénéfiques sont avérés notamment en Suède. L’objectif des pédagogies critiques de la norme (également appelées pédagogies antioppressives ou ici pédagogie queer), peu connues en France, est de développer un regard critique sur les normes sociales, de rendre visibles les rapports de pouvoir, de suivre une pédagogie émancipatrice, de prendre en compte et de valoriser la diversité des expériences, de favoriser – ce qui est particulièrement sensible dans le cadre de l’éducation à la sexualité – des relations saines avec soi-même et avec les autres.
C’est l’objet du dernier chapitre, où Gabrielle Richard présente différents exercices ou interventions susceptibles de mettre en œuvre la pédagogie critique, comme le théâtre des opprimé·es, le procédé de l’inversion ou ou encore l’intervention par le témoignage. Des pistes concrètes à suivre autour de réflexions particulièrement riches et constructives dont on espère qu’elles se développeront dans les années à venir.

Sur les pédagogies critiques, voir aussi Paolo Freire, pédagogue des opprimé·e·s d’Irène Pereira et Apprendre à transgresser de bell hooks. On peut entendre Gabrielle Richard dans l’épisode du podcast Camille, consacré à l’hétéronormativité : À l’école, être hétéro ou ne pas être.


  
– Sexe, ce drôle de mot –

Thème : Éducation à la sexualité
Public : CDI (collège)
Texte : Cory Silverberg
Illustrations : Fiona Smyth
Édition : Dent-de-lion (2020, 159 pages)
Lien : Sexe, ce drôle de mot
Date de publication de cette présentation : 15/10/2020 (Ségolène Roy)

Présentation : 
On en a rêvé, Cory Silverberg et Fiona Smyth l’ont fait ! Après Comment on fait les bébés, un album destiné aux 2-6 ans, iels ont publié un livre d’éducation à la sexualité pour les 7-12 ans (environ) : Sexe, ce drôle de mot.
Il évoque, au travers de quatre personnages, des scènes du quotidien des 7-12 ans pour les amener à se poser des questions sur leur rapport à leur corps, au genre, à la nudité, au toucher, à l’amour, à l’attirance pour une personne, aux mots utilisés…
Il donne aussi des informations sur les réalités corporelles sans présumer du genre des personnes concernées, en représentant leur variété avec des dessins figurant des attributs de corps d’enfants et d’adultes.
Cette approche devrait inspirer une éducation sexuelle qui ne se réduise ni à une approche binaire de l’effet de la puberté sur les corps, ni aux relations sexuelles et aux risques (de grossesse, de maladies, de violences sexuelles). Ici on parle de ses émotions, de son propre rapport à son corps, aux relations aux autres, aux normes, en adossant les prises en conscience à quatre valeurs de base : la confiance, le respect, la justice et la joie. Il s’agit de prendre acte du fait que les normes varient selon les familles, qu’il existe des lois, que ce qu’on aime, qui nous indiffère, nous dégoûte ou nous attire, peut différer d’une personne à l’autre, selon le contexte, etc.
De même que dans Comment on fait les bébés, les illustrations de Fiona Smyth représentent des corps très divers, en termes de taille, de couleur de peau (vert, bleu, violet, orange…), de corpulence, d’âge, de traits du visage, de « fonctionnalité » (on y trouve des personnes avec une canne, des béquilles, en fauteuil roulant), d’attributs (foulard islamique)…
L’écriture est tout aussi inclusive, que ce soit par l’usage de termes génériques (les gens, les personnes), de termes épicènes (même forme quel que soit le genre de la personne désignée), du point médian (cette forme d’abréviation concerne uniquement des termes pour lesquels formes féminine et masculine diffèrent par la lettre « e » finale) ou de pronoms neutres (illes ou iels).
Reste une interrogation sur la manière la moins discriminante de catégoriser les organes. Il y est question d’intersexuation, et jamais un genre n’est attribué à un organe, mais le fait qu’on trouve d’un côté « vulve, clitoris et vagin » et de l’autre « pénis, testicules et scrotum » semble aller à l’encontre de cette approche non binaire. Une solution serait peut-être que les similarités des corps soient davantage mises en avant (« organe érectile », « gonades ») comme dans les pages « mamelons » et « érections » (qui concerne aussi bien le clitoris que le pénis). Décidément, s’extraire de normes si intériorisées que celles du genre est un travail de longue haleine.


  
– La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire –

Thème : Racisme, écologie, classisme
Public : Enseignant·es
Texte : Fatima Ouassak
Édition : La Découverte (2020, 272 pages)
Lien : La puissance des mères. Pour un nouveau sujet révolutionnaire
Date de publication de cette présentation : 12/03/2021 (Ségolène Roy)

Présentation : 
Comment porter quelque lutte que ce soit quand on est racisée dans un pays où le racisme est systémique, structurel ?
Si votre sujet est universel, c’est que vous avancez « masquée », vous êtes taxée d’« entrisme », de « communautarisme », y compris dans un syndicat de parents d'élèves. Si vous quittez une organisation qui n’a pas de perspective antiraciste pour militer dans une structure autonome, alors vous êtes « séparatiste ». Si vous n’êtes pas contente, on vous engage à aller dans le privé. Si vous ne participez pas au débat public, vous êtes démissionnaire. Il semble qu’il n’y ait pas de place pour la parole des personnes racisé·es, dans l’école comme ailleurs. Il faut « lutter pour avoir le droit de lutter », écrit Fatima Ouassak.
À ce qui ressemble à une impasse, elle a trouvé une issue : avec une détermination sans faille, nourrie par son amour de mère (catégorie politique), elle mène des luttes collectives de quartier, à Bagnolet, pour ne pas laisser à l’État, à l’industrie agroalimentaire, le pouvoir de choisir à la place des parents. Des luttes victorieuses et inspirantes.
Fatima Ouassak est politologue, créatrice du réseau Classe/Genre/Race, cofondatrice du syndicat de parent d’élèves Front de mères. Forte de cette riche expérience, elle brosse un tableau limpide et percutant du racisme systémique, par le récit de réalités quotidiennes des mères racisées – en particulier à l’école –, et leur analyse dans un contexte plus global.
Le racisme systémique. Pas une prétendue « intolérance » individuelle qui rend les enjeux incompréhensibles, pas la croyance en des races biologiques, mais une machine à discriminer implacable, un continuum de violences, du berceau jusqu’à la tombe : violences gynécologiques et obstétricales, « désenfantisation », stigmatisation destinée à faire courber l’échine, tri social, orientation destinée à faire que les personnes racisées occupent des postes subalternes, précaires et mal payés, répression, violences, crimes policiers.
L’école a sa place dans ce racisme systémique, par définition présent dans l’ensemble de la société. Un racisme culturaliste, un racisme qui s’ignore, et c’est là tout le drame : à se boucher les oreilles, à ne pas vouloir voir, on ne se donne aucune chance de prendre conscience de la manière dont on le reproduit, d’identifier et de modifier des pratiques racistes.
La puissance des mères montre de manière tout aussi limpide et très concrète de quelle manière la question sociale, la question coloniale et la question de genre s’imbriquent et se renforcent les unes les autres dans la France d’aujourd’hui, notamment autour des questions d’écologie.
Fatima Ouassak invite les mères, figures délaissées du féminisme, à revendiquer en tant que sujets politiques, et au niveau local, l’égalité, la dignité, la sécurité, une planète respirable et durable pour tou·tes les enfants. À se réapproprier et à transmettre les luttes de l’immigration postcoloniale, car ce sont des « luttes invisibilisées, extériorisées, méprisées ».


  
– Pour une écologie pirate. Et nous serons libres –

Thème : Écologie, colonialité
Public : CDI (lycée), enseignant·es
Texte : Fatima Ouassak
Édition : La Découverte (2023, 198 pages)
Lien : Pour une écologie pirate. Et nous serons libres
Date de publication de cette présentation : 14/03/2023 (Ségolène Roy)

Présentation : 
Une véritable mise à nu des enjeux et des conséquences d’une écologie menée par des classes moyennes et supérieures blanches qui ne prennent pas en compte la question coloniale, voilà ce qui apparaît en lisant de livre de Fatima Ouassak, Pour une écologie pirate. Et nous serons libres.
Comment en finir avec un système capitaliste historiquement construit sur la colonisation, comment limiter ses effets destructeurs sur l’ensemble du vivant ? Pas en essayant de sauver le confort des personnes bénéficiant d’un privilège blanc, de classe et d’une capacité de circuler les mettant potentiellement l’abri, comme on l’a vu avec la gestion politique de la pandémie de covid. Mais – comme le prône bell hooks –, en partant de la marge. Des besoins des personnes les plus vulnérabilisées par ce que Fatima Ouassak nomme le système colonial-capitaliste : les enfants des quartiers populaires, issu·es pour la plupart de l’immigration post-coloniale, parqué·es dans des espaces bétonnés, dont la circulation est contrôlée en permanence par la police. Les sans-terre constamment « sous-humanisé·es ». En reprenant du pouvoir, en s’ancrant dans un territoire.
Quel serait le levier d’un front international pour la défense du vivant ? La liberté universelle de circuler. La fin des frontières. De ces murs qui séparent à l’échelle mondiale les populations déplacées en fonction de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour les populations du Nord global. Une liberté qui ne permettrait plus d’exclure, de diviser, d’exploiter, de déplacer le coût écologique du capitalisme chez les sous-humanisé·es. Une liberté rendue aux personnes qui en sont principalement privées, parce qu’enfants, non blanches, porteuses d’un passeport qui les limitent, femmes, LGBTI…
Voilà l’horizon pirate : libérer la Méditerranée de son rôle de trieuse tueuse, en faire un « point de ralliement des mutineries du Sud comme du Nord », de l’Afrique comme de l’Europe, dans une alliance du vivant. 
Pour un monde respirable, libéré des ravages de l’industrie agroalimentaire, où l’on a le pouvoir de prendre soin de tous les corps, sous-humanisés comme non humains.
Enfin un projet à la hauteur des enjeux de la catastrophe climatique comme de la menace fasciste.